Chapitre 28

Programmes (I)

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Londres, quartier de White City, bureaux de la BBC Television, le 19 octobre


Florence rassembla ses papiers à la hâte, fit tomber ses crayons, jura, imprima un dernier document, s’empara d’une pile de dossiers, récupéra ses feuilles sur l’imprimante, se passa les doigts dans les cheveux, essaya de ne plus penser à Max, tira d’une main sur son pantalon qui lui faisait des bourrelets et trotta jusqu’à la salle de réunion du troisième étage de la BBC. Elle était la dernière arrivée.

Autour d’une grande table se trouvaient, d’un côté, Gayle, la productrice exécutive de la série, et de l’autre, Andrew, un grand roux dégingandé, le coéquipier détesté qui travaillait aussi sur Néfertiti. Mais ce qui conférait un caractère exceptionnel au meeting était la présence de deux supérieurs qui assistaient rarement aux rendez-vous. Jim, le directeur du département Histoire, dont l’archéologie dépendait, était aussi un producteur exécutif senior, brillant et respecté, à la dégaine très british. Jane, une quadragénaire discrète, lunettes d’écaille, cheveux courts blonds et particulièrement économe de ses mots qui avaient un accent de Harvard, Massachusetts, était pour sa part la femme la plus puissante de la BBC, la directrice des programmes de BBC2.

Ils buvaient des thés corsés avec beaucoup de lait dans des tasses en polystyrène, et une assistante avait sorti des biscuits ramollis sur une assiette en carton. Jim entama la discussion lorsque Florence fut enfin installée, en s’adressant principalement à Jane :

— Au printemps, on lance la saison en grande pompe avec une soirée égyptienne. BBC1 a déjà le docufiction sur Néfertiti qui est presque fini, n’est-ce pas, Andrew, Florence ?

— La fiction est bouclée, intervint Andrew, il nous manque encore une ou deux interviews d’experts et bien sûr la vente aux enchères, dans dix jours, dont nous garderons les moments forts.

— La vente aux enchères à Sotheby’s, ajouta Jim, que nous allons filmer en intégralité et diffuser juste après le docufiction, sur BBC4 et sur le web. Mais ce qui nous préoccupe aujourd’hui, c’est le projet en développement de double programme sur Toutankhamon et Khéops pour BBC2. Il comporte des risques particuliers pour la chaîne, mais a également le potentiel d’être un énorme succès grand public. Je laisse la parole à Florence, qui non seulement a eu le scoop sur la momie de Néfertiti, mais comme vous le savez, se trouvait aussi dans la pyramide de Khéops…

— On sait, coupa Jane.

Son ton glaça Florence, sur laquelle tous les regards étaient braqués.

La jeune journaliste se racla la gorge, toussota, feuilleta frénétiquement ses papiers, puis se lança.

— Je crois que pour expliquer le projet il faut que je récapitule pour vous les événements dans l’ordre chronologique. C’est assez compliqué et pourtant tout est lié, enfin je crois, enfin même moi je m’emmêle les pinceaux. Mais tous les points sont essentiels, donc merci d’avance pour votre patience. Hum.

» En janvier 2011, le Musée égyptien est pillé par des manifestants. Des antiquités sont volées. La police en retrouve quelques-unes, mais une quarantaine restent dans la nature et sont annoncées dans l’Art Theft Register et la liste d’Interpol. Le musée est fermé pendant quelque temps. Mohammed Hassan, le policier en charge à l’époque, ainsi qu’el-Shamy, le conservateur en chef, mènent l’enquête. Plusieurs mois plus tard, Hassan est suspendu pour le meurtre de trois manifestants. Un autre policier le remplace, Kamal Aqmool.

» Fin mai, selon le scénario officiel de la police, un milliardaire américain et sa femme se paient une sorte de soirée privée style Indiana Jones dans la pyramide de Khéops, l’agrémentent d’un faux masque de Pharaon, le tout étant organisé par le conservateur adjoint du musée, Nasser Moswen. Nasser fait entrer le couple fortuné dans une chambre qui était jusque-là inconnue du grand public, de la communauté scientifique et soi-disant du CSA, l’institution en charge des antiquités égyptiennes. L’assistant conservateur soulage monsieur et madame de cinq mille dollars américains, tue monsieur d’un coup de poignard dans le cœur et enferme madame vivante. Plusieurs semaines plus tard, un jeune architecte spécialiste de la pyramide, Max Hausmann, reçoit l’appel d’un homme prétendant être du CSA, et dont nous ne connaissons toujours pas l’identité, qui l’autorise à se rendre à Khéops pour y effectuer les relevés, autorisation que le jeune architecte attendait depuis plusieurs mois. Ce jour-là, notre équipe avait rendez-vous à la pyramide ― vous connaissez l’histoire. Sur place sont retrouvés le faux masque de Toutankhamon et les corps des victimes, nues ― mis à part le collier nuptial au cou de la femme. Celle-ci, Jessica Pryce, est inconsciente, elle se réveillera d’un coma profond trois jours plus tard, sans aucune mémoire de ce qui s’est passé, son dernier souvenir remontant au jour de son mariage.

» Pendant ce temps-là, nous rencontrons un détective privé, Franklin Hunter, qui travaille pour un client anonyme. Il prétend que le masque trouvé dans la pyramide est le vrai. Celui du musée serait un faux, avec pour seule preuve une rumeur à Miami.

» Quelques jours après la découverte dans la pyramide, Hassan, le policier qui s’était occupé du vol au musée, est blanchi par le juge du meurtre des manifestants. Au premier jour de son retour, il ordonne une perquisition chez Nasser. On retrouve les cinq mille dollars et une partie des antiquités volées au musée. Les gardes de la pyramide déclarent qu’ils ont escorté le couple Pryce accompagné de Nasser jusqu’à l’entrée principale, la nuit qui correspondrait au meurtre. Nasser, lui, avoue qu’il est coupable du vol des antiquités et des visites illégales à la pyramide, mais il nie connaître Pryce. Le jeune commandant Kamal Aqmool paraît douter du scénario présenté par Hassan, mais le jour même de la perquisition chez Moswen Nasser, le commissariat est détruit sous l’assaut de manifestants, Aqmool est gravement blessé et mis en arrêt maladie forcé, Nasser est tué. Hausmann, l’architecte, se pète les deux jambes et un bras, mais s’en sort plutôt bien. L’unique suspect mort, l’affaire est classée. On finit quand même par un grand retournement de situation : le faux masque de Toutankhamon qui se trouvait au commissariat s’est volatilisé, apportant de l’eau au moulin de Hunter, avec qui nous avons signé un contrat d’exclusivité sur-le-champ.

Florence jeta un coup d’œil à Gayle, qui avait un sourire en coin.

— Petit aparté : nos confrères de l’AFP ont montré que le modus operandi de la prise d’assaut du commissariat semble différent des autres, plus sophistiqué, avec plus de moyens. Bref, depuis ces événements, la femme de la pyramide, Jessica Pryce, a hérité d’une grande partie de la fortune de son mari défunt, et vit en recluse à New York. Aucun journaliste n’a réussi à la photographier, je ne parle même pas d’une interview. Voilà à peu près les faits. Mais ça se complique beaucoup ensuite.

— C’est sûr, c’était limpide, avant, ironisa Jim.

— Premier casse-tête, continua Florence, l’accès à la chambre X est toujours un mystère absolu. Les gardes ont témoigné que les victimes ont pénétré dans le monument par l’entrée principale, et ensuite, se sont volatilisées ; mais comme on le sait, Aqmool semblait douter de leur déposition. La chambre X est totalement hermétique, ses quatre murs sont composés de blocs de plusieurs tonnes et on n’y a trouvé aucune trace d’un quelconque mécanisme d’ouverture. On a toutefois décelé un trou depuis le couloir horizontal, qui a probablement sauvé la vie à la femme. Il n’y était pas un mois avant la découverte des corps. Qui a fait ce trou, nous ne le savons pas non plus. Et bien sûr, l’enquête n’ira pas plus loin, car el-Shamy et le CSA refusent catégoriquement qu’on touche à leur pyramide.

» Deuxième casse-tête, on perd la trace des jeunes mariés à Mexico. Leur hélicoptère n’a jamais été retrouvé. Comment sont-ils arrivés au Caire ?

» Troisième casse-tête, le masque de Toutankhamon lui-même. Si ce que Hunter prétend est juste — et le vol au commissariat nous le suggère —, pourquoi le Musée égyptien n’a-t-il pas déclaré le vol, alors qu’il aurait pu bénéficier, outre le montant de l’assurance si on ne le retrouvait pas, de l’aide d’Interpol et des services secrets internationaux ?

» Pour la bonne mesure, je vous donne aussi le contexte dans lequel tout cela arrive ― si l’un d’entre vous a passé de douces vacances exotiques au bord du Nil, oubliez. Le Caire est une zone de conflits, il n’y a plus de touristes, l’ordre et la sécurité se sont effondrés, le trafic d’antiquités est à son comble et la situation se dégrade à une vitesse effroyable. Comme vous le savez, nous avons dû filmer notre docufiction sur Néfertiti au Maroc avec des pyramides en 3 D. Mais ça, vous le gardez pour vous.

L’assemblée rit doucement, puis Gayle prit la parole :

— Vous voyez avec quoi je jongle depuis quatre mois ? Distribution d’aspirine pour tout le monde !

On bâilla, on s’étira, Andrew se servit en petits gâteaux. Florence en profita pour aller chercher de l’eau à la fontaine au fond de la pièce.

— Aujourd’hui, dit Gayle, il faut que l’on sorte de cette réunion en ayant répondu à deux questions : la première, que fait-on avec cette histoire de masque de Toutankhamon volé ? Je vous le dis tout net : les preuves sont légères.

— Genre ? demanda Jim.

— Genre, continua Gayle, Hunter a pris des centaines de photos du masque dans le musée, toutes identiques. Et après le vol au commissariat, Toutankhamon a changé de place. Le scénario de Hunter est qu’avant l’incendie, c’est le faux qui était exposé au musée. Ensuite, le vrai a été remis en place, ce qui sous-entend bien sûr que ce serait le musée, voire la police qui seraient à l’origine du cambriolage de la salle des pièces à conviction — et par la même occasion, du meurtre de Nasser. Personnellement, je pense que tout ce que ça prouve juste, c’est que le masque a été déplacé. Ils sont bien obligés de nettoyer les vitrines de temps en temps.

— C’est tout ce qu’il a, comme preuves ? s’esclaffa Andrew, en postillonnant des bouts de biscuit sur ses dossiers.

— Hunter a passé presque quatre mois à s’infiltrer chez les faussaires pour choper le mec qui aurait fabriqué le faux, répondit Florence.

— Le vrai faux du musée, ou le faux faux de la pyramide ? demanda Jim.

— Celui du musée, répondit Florence. Apparemment, maquiller le vrai, ça se fait les doigts dans le nez. En tout cas, aux dernières nouvelles, Hunter aurait trouvé le maître faussaire. Il doit le voir dans les prochains jours.

Jim fit la grimace.

— Je ne vois pas comment il va prouver que c’était un faux, si effectivement c’est une reproduction parfaite.

— Bon, interrompit Gayle. L’autre question, c’est : est-ce qu’on s’intéresse au meurtre de la pyramide ?

— Tout le monde s’est intéressé au meurtre de la pyramide, glapit Andrew. C’est déjà du réchauffé, et tiens, Channel 4 remet le couvert la semaine prochaine avec un vingt-six minutes. La plupart des choses que tu as évoquées, Florence, elles sont déjà dans le domaine public.

— Oui, rétorqua Florence, mais j’ai réfléchi, et le peu de choses qu’on a en exclusivité pourrait changer la donne.

— Tu veux parler des derniers mots de Nasser ? dit Gayle.

— C’est quoi les derniers mots de Nasser ? demanda Jim.

Florence rétorqua :

— Dans l’incendie, Hausmann a entendu Nasser crier un truc, qu’il a répété plusieurs fois. Un nom. Oxan Aslanian.

— Qui est-ce ? dit Jim.

— Oxan Aslanian est un Arménien de Berlin. C’est le faussaire le plus connu du monde en antiquités égyptiennes.

— D’accord. Et c’est lui que va voir Franklin Hunter demain, en conclut Jim.

— Non, répondit Florence. Oxan Aslanian est mort à Munich en 1967.

— Dieu du ciel, soupira Jim. Je vais te prendre ton aspirine, finalement, Gayle.

— Non, ce qui change la donne, continua Florence, c’est le masque.

Tous les yeux étaient braqués sur elle.

— Parce que, si Hunter dit vrai et que le masque authentique était réellement dans la pyramide, alors il devient un élément central du meurtre. Vous n’allez pas me dire qu’il y avait un trésor d’un milliard de dollars avec les victimes et qu’il se trouvait là par hasard, juste pour la déco ? Ça veut dire que victime et meurtrier sont au cœur d’un immense réseau de trafic d’antiquités, qui connaissait le passage secret de la pyramide, qui a des connexions à Mexico, qui engage des pros pour venir braquer le commissariat et faire en sorte que Nasser ne s’en sorte pas, etc. On est loin du petit employé de musée qui veut se faire cinq mille balles.

Personne ne parlait.

— Bref, conclut Florence, si c’est vrai, c’est la clef d’un truc de ouf.

— Merci pour ce mot de la fin particulièrement érudit, Florence, dit Gayle. Tu as raison, bien sûr. Mais si c’est faux…

— Si c’est faux, intervint Jane, non seulement nous nous serons couverts de ridicule et perdrons tous nos gros deals de coproduction, mais la BBC sera aussi persona non grata en Égypte pendant dix ans. Pour une chaîne qui se targue de produire les plus grands documentaires archéologiques, c’est problématique.

— Florence pourra te donner des contacts, elle filme le site de Khéops au Maroc, plaisanta Jim.

— Bon, qu’est-ce qu’on décide ? demanda Gayle. Si Florence réalise un double programme, un quatre-vingt-dix minutes avec d’un côté la quête du masque, de l’autre l’investigation sur le meurtre, il faut établir un budget cette semaine. Ça veut dire une décision, maintenant, tout de suite.

Le silence envahit la pièce. On entendit au loin une sirène de police. Florence tapotait du bout de son crayon sur la table. Jim se rongeait un ongle et Andrew croquait dans un biscuit. Tous regardaient Jane du coin de l’œil ; elle semblait absorbée par autre chose, au-delà des grandes baies vitrées qui donnaient sur l’autoroute.

— On pourrait voter, suggéra Andrew. Le vote de Jane comptera double.

Gayle et Jim hochèrent la tête.

— Bon, ben je commence, dit Andrew. Moi je vote contre. Parce que, au final, tout le truc ne tient qu’à un fil, c’est les délires de Hunter. S’il nous mène en bateau, tout se casse la gueule.

Florence lança un regard noir à Andrew et dit :

— J’étais sur place, il y a des trucs pas nets, y a pas que Hunter. Ce qu’on a vu, c’est juste le début, j’en mettrais ma main au feu. Je vote pour.

Les yeux se tournèrent vers Gayle, qui soupira longuement.

— Désolée, Flo, je vote contre. J’ai pas envie d’être la nana qui a flingué la crédibilité de la BBC. Je me sens trop jeune pour ça.

— Bon, ben, soupira Jim. Je dois dire qu’en trente-cinq ans de carrière, je n’ai jamais vu un sujet aussi tordu. Il y a de vrais explosifs quelque part dans ce sujet, je le sens. Tu as raison, Gayle, ça doit être l’âge. Je suis si vieux que j’ai envie de me mouiller. Allez, pour.

Deux pour, deux contre. Chacun dévisagea Jane, qui regardait toujours l’autoroute. Au bout de quelques instants, elle prit la parole :

— Pour.

Jim tapa sur la table et cria :

— Let’s rock’n’roll !

Florence ne put s’empêcher de sourire. Le sentiment de triomphe qui la submergeait était délicieux et elle avait la sensation de léviter. Elle allait réaliser et produire, toute seule, le grand quatre-vingt-dix minutes qui ouvrirait la saison, avec un battage publicitaire à la hauteur du projet. Son père serait si fier. Et Max… Max l’aimerait, tout simplement. Elle se demandait déjà quel nom elle mettrait au générique : simplement Mornay ou Mornay-Devereux ? Mornay-Devereux, car on ne sait jamais, peut-être sa mère, d’où elle était, le verrait. Surtout si le film était nominé aux BAFTAS, il en avait le profil, après tout. Elle était tellement absorbée par les ramifications splendides de cette victoire qu’elle dut faire un effort pour écouter Jane qui ajoutait :

— Pour, mais à une condition. Florence ne va pas pouvoir tout faire.

Alors que cette dernière pâlissait, Gayle s’empressa de renchérir :

— Bien sûr, nous allons confier à Andrew le reste de Néfertiti pour que Florence se concentre sur le quatre-vingt-dix.

— Non, dit Jane. Il s’agit d’investigation journalistique, pas juste de réalisation standard. Désolée, Florence, mais l’enjeu est trop grand et vous n’avez pas assez d’expérience. Nous allons faire appel à un journaliste chevronné qui vous guidera dans…

Florence avait cessé d’écouter, sa tête tournait. Elle venait de perdre son poste dans le documentaire de Néfertiti et on la reléguait au rang d’assistante sur son film. Elle voyait du coin de l’œil le rictus d’Andrew et elle sentait les larmes venir.

Jane se leva et le reste de l’équipe en fit de même. Florence était comme clouée sur place. Puis, venue de nulle part, une idée explosa dans sa tête. Elle ouvrit la bouche sans s’en rendre compte.

— Attendez, lança-t-elle, la gorge sèche. Il y a une dernière chose que je ne vous ai pas dite.

Tout le monde se retourna.

— Dépêchez-vous, j’ai rendez-vous, dit Jane.

— Je peux avoir une exclusivité, balbutia Florence. Personne d’autre ne l’a. Je ne voulais pas en parler parce que je voulais avoir tous les éléments.

Un courant électrique passa dans la salle. Jane dévisagea la jeune journaliste d’un air féroce et Florence soutint son regard.

— Qui est-ce ?

— Max Hausmann, l’architecte. Il est sur le point de trouver l’accès à la chambre X. Si c’est moi qui suis responsable du film, il parlera.

La pièce entière retenait sa respiration. Le cœur de Florence tambourinait dans ses tempes. Elle ne pouvait pas détourner son regard de la directrice des programmes.

Enfin, Jane déclara :

— OK, Florence Mornay-Devereux. J’attends sur mon bureau les preuves que Max Hausmann a trouvé l’accès de la pyramide, et le contrat, signé, d’exclusivité mondiale.

— Il me faudra un peu de temps pour… murmura Florence.

Jane sourit.

— Vous avez douze jours.

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